L'Opéra chinois: du maquillage aux costumes, un art total

Pendant un séjour à Taiwan, un ami, le président de la compagnie d’opéra chinois GuoGuang, m’a demandée d’essayer d’incarner deux personnages. Même si je suis chinoise, porter un costume d’opéra chinois était révélateur.

 

Les deux personnages que j’ai interprétés appartiennent à la catégorie des dans 旦, ce qui veut dire, les rôles féminins. On peut reconnaître le rôle d’un acteur selon son costume, sa coiffe et ses vêtements.

 

Le premier costume que j’ai porté était tout de rouge, c’était celui d’une huadan 花旦, le rôle d’une jeune femme, ici une jeune mariée. Le deuxième était celui d’une Qingyi 青衣,  le rôle d’une femme plus mature, ici une maîtresse officielle du roi. Pour être en accord avec le statut social d’une noble, les costumes sont constitués de plusieurs couches, ils sont de couleurs brillantes et sont richement brodés. Ils pèsent en moyenne 14 kilos !

 

Tout comme les costumes, les coiffes sont lourdes. Les coiffes sont composées de carton, de cuir, de perles, de soie et d’ornements métalliques. Ils sont méticuleusement posés un par un sur la tête.

 

L’art du maquillage de l’opéra de Pékin est encore un art à lui seul qui permet au spectateur d’identifier le type de personnage dès son entrée sur scène. Le maquillage du visage à l’opéra de Pékin est très codifié et obéit à des règles précises spécifiques à chaque catégorie de rôles. Il reflète l’identité, le statut et la personnalité des personnages. Il est très accentué pour permettre au public, nombreux, de le voir et pour intensifier la prestance artistique de l’acteur. 

 

Pour les rôles de Huadan et de Qingyi, il y a des nuances sur les couleurs de fard à joue. La Huadan porte des couleurs rose et pêche, et la Qingyi porte du rouge. Pour les rôles de dan, on se maquille avec un fond blanc, et on ajoute une couche de rouge-rose, en partant des yeux jusqu’aux oreilles. Le maquillage dessine des sourcils arqués, des yeux en forme d’amande, une bouche en bouton de rose, un visage ovale, et un menton pointu. Cela respecte l’idéal chinois de la beauté féminine. Pour avoir un visage parfaitement ovale, on colle des pianzi 片子, c’est à dire des postiches au front et aux tempes.

 

Après avoir passé 1h30 à me maquiller et m’habiller, ils m’ont donné une mini leçon d’opéra chinois pour enrôler la jeune mariée. La leçon m’a rappelé ce que m'avaient conseillé les filles du Crazy Horse lors d’une interview et je ne peux pas m'empêcher de comparer les deux. L’aspect le plus similaire est le regard. Dans les deux cultures, les femmes doivent regarder toujours vers le bas et du coin de l'œil. Les gestes doivent être synchronisés avec la respiration. La différence entre la femme de dan de l’opéra chinois et une fille du Crazy horse réside dans la posture. Une fille du Crazy Horse essaie de maximiser la courbe entre le dos et les fesses et elle fait de grandes enjambées lorsqu’elle marche. C'est une marque de confiance et un mouvement qui fait paraître les jambes plus longues. Cependant une fille d’opéra chinois se tient bien droit et fait de très petits pas pour montrer que c’est une femme bien élevée.

 

M'étant déguisée et ayantsuivi une mini leçon d'opéra chinois, j'ai développé un nouvel engouement pour cette forme d'art. C’est en ayant enrôlé ces personnages et en ayant fait ces recherches que je comprends que l’opéra de Pékin ne représente pas l’ensemble de l’opéra chinois. Ce dernier s’est décliné sous différentes formes dans plusieurs régions de la Chine. Alors ce n’est qu’un début pour mes découvertes de l’opéra chinois !

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